EC2 - Action, intention, décision: de l'individu au collectif 

1er semestre 2003-2004

Le mercredi de 17h à 19h, Salle Cavaillès

Le module comporte 12 séances. 1ère séance le 8 octobre

Coordination: Elisabeth Pacherie pacherie@ehess.fr

Présentation générale

Calendrier des séances

Modalités de validation

Présentation générale

Le séminaire EC2 - Action, intention, décision: de l'individu au collectif - est proposé au premier semestre de l'année 2003-4, dans le cadre des enseignements du Département des Etudes Cognitives. Il est destiné aux étudiants des différents magistères de l'ENS et, plus généralement, est ouvert à tous les élèves de l'ENS.

On présentera les approches actuelles de l’action développées en philosophie, en sociologie, en psychologie expérimentale, dans les neurosciences, en éthologie et en robotique. Au cours des dernières années, les préoccupations de ces communautés ont évolué de modèles centrés sur l’étude d’un agent unique agissant en fonction d’une connaissance préalable de l’environnement vers des approches comportant plusieurs agents en interaction et mettant l'accent sur l'intégration du flux sensoriel et du flux moteur au cours du développement de l’action. D'importantes avancées sont également intervenues dans la connaissance et la modélisation des mécanismes de prise de décision et dans la compréhension de la dynamique conduisant des préférences individuelles aux comportements collectifs. La conscience de l'action, le sens de l'agentivité, la compréhension des actions et intentions d'autrui et les troubles dont ils peuvent être l'objet dans certaines conditions neurologiques ou psychopathologiques constituent également aujourd'hui des thèmes de recherche en pleine expansion. 

Les séances aborderont notamment les questions suivantes: 

Les niveaux d’organisation, de représentation et de contrôle de l’action

Une action implique des processus tels que la prise de décision, la planification, la programmation motrice et l’exécution. Quels sont les mécanismes, procédures d'analyse et de calcul et modes de codage qui interviennent à chacun de ces niveaux d'organisation de l'action? Comment résoudre les problèmes de description et de segmentation des actions? Comment action et perception interagissent-elles en cours d'action pour en assurer le suivi et la correction? Dans quelle mesure peut-on mettre en évidence des corrélations entre le degré de difficulté, de nouveauté, de complexité, de planification consciente d’une action et les régions cérébrales impliquées dans sa préparation? Les distinctions opérées dans les domaines philosophique, juridique ou éthique entre actions volontaires, réflexes ou automatiques, entre actions intentionnelles et non-intentionnelles peuvent-elles être caractérisées en termes neurobiologiques? Ces notions sont-elles des concepts utiles dans le domaine des neurosciences ou de la robotique? 

L'action collective

Comment caractériser les différentes formes de l’action collective (actions collectives spontanées ou organisées, actions d’ensemble, actions coopératives, compétition, etc.), leurs déterminants et les compétences cognitives qu’elles supposent? Quels sont les différents modes de coordination possibles entre agents, avec ou sans communication entre les agents, en situation d’incertitude ou de savoir mutuel? Quel éclairage apporte l'étude de différentes communautés animales? Quel est le rôle du cadre environnemental (les objets, les conventions, les institutions) comme éléments médiateurs dans l’action collective? Comment caractériser la dynamique des actions collectives? Quels sont les processus de définition et de révision des actions collectives? Quelles sont les pannes que rencontre l’action collective et leurs liens à des biais ou déficits cognitivo-pratiques? 

Action, conscience de l’action et sens de l'agentivité 

Quel lien y a-t-il entre la capacité d’agir, de contrôler ses actions et la capacité de s’appréhender comme agent? Quelles sont les contributions respectives des différents modes et niveaux de représentation et de contrôle de l'action à la conscience de l'action et à la conscience de soi comme agent? Quels sont les mécanismes et processus qui sous-tendent la perception des actions d’autrui comme actions et leur catégorisation? Dans quelle mesure la connaissance que nous avons de nos propres actions et celle que nous avons des actions d’autrui peuvent-elles reposer sur une base commune? Comment caractériser les relations entre les processus d’auto-attribution d’actions et les processus d’attribution d’actions à autrui? Quels sont les rapports entre les troubles de la représentation et de l'attribution de l’action et les troubles de la conscience de soi que l'on rencontre dans l'autisme et la schizophrénie?

Calendrier des séances

8 octobre 

Elisabeth Pacherie (Institut Jean Nicod, CNRS-ENS-EHESS)

Introduction: problèmes centraux en théorie de l'action  (Présentation Powerpoint)

On présentera les questions centrales débattues en philosophie de l'action — Qu'est-ce qu'une action? Qu'est-ce qu'une action intentionnelle? Qu'est-ce qu'expliquer une action? Quels liens y a-t-il entre action et intention? On discutera les principales difficultés rencontrées par les théories philosophiques contemporaines de l'action. On examinera dans quelle mesure les éclairages apportés par les recherches empiriques actuellement menées sur l'action, notamment dans les neurosciences cognitives de l'action sont susceptibles de contribuer à la résolution de ces difficultés.

Pour en savoir plus:

Bilodeau, R. "Philosophie de l'action", dans P. Engel (ed.), Précis de philosophie analytique, Paris, PUF, pp. 189-212.

***Pacherie, E. 2003 La dynamique des intentions, Dialogue, 42, 3. 

15 octobre 

Benoît Bardy (Institut Universitaire de France et Université Paris Sud XI)

Le contrôle perceptif du mouvement et le contrôle moteur de la perception

Nos mouvements quotidiens sont des mouvements complexes. Ils sont complexes car ils mettent en jeu un nombre imposant de degrés de liberté. Sur le versant moteur, les 103 muscles et les 102 articulations qui composent approximativement le corps humain forment un système biologique extrêmement complexe. Sur le versant sensoriel, une multitude de récepteurs cutanés, articulaires, musculaires, vestibulaires ou visuels, transmettent au cours du mouvement une multitude de signaux à une multitude de sites nerveux. En dépit de ce grand nombre de degrés de liberté, moteurs et sensoriels (et peut-être grâce à lui), nos mouvements sont coordonnés et leur régulation perceptive est la plupart du temps d'une grande précision. D'une manière ou d'une autre, les nombreux degrés de liberté qui composent le niveau local (c'est-à-dire celui des muscles, des articulations, des neurones, des récepteurs sensoriels) sont contraints de s'assembler afin de produire au niveau macroscopique un comportement flexible et efficace. Ce processus d'assemblage des degrés de liberté moteurs (la coordination) et perceptifs (le contrôle ou la régulation), représente aujourd'hui un challenge pour les chercheurs en sciences du mouvement. Dans cette intervention, nous contrasterons les ontologies computationnelle et écologique sous-tendant la perception et le contrôle moteur. Nous envisagerons quelques aspects essentiels de ce processus d'assemblage des degrés de liberté perceptifs, en insistant sur la richesse des informations contenues dans les flux énergétiques créés par nos mouvements (Gibson, 1979), propices à participer au contrôle fin de ces mouvements (Warren, 1988).

A lire:

***Bardy, B.G. (2003). Le contrôle visuel des déplacements. In A. Delorme & M. Flückiger (Eds.), Perception et réalité. Paris: DeBoeck, sous presse.

Bernstein, N. (1967). The co-ordination and regulation of movement. London: Pergamon.

Gibson, J. J. (1966). The senses considered as perceptual systems. Boston: Houghton Mifflin.

Gibson, J. J. (1979). The ecological approach to visual perception. Boston: Houghton Mifflin.

Warren, W. H. (1988). Action modes and laws of control for the visual guidance of action. In O. G. Meijer & K. Roth (Eds.), Complex movement behaviour: 'The' motor-action controversy (pp. 339-380). Amsterdam: North Holland.

22 octobre: 

Dominique Fresneau (LEEC, Université Paris 13)

Cognition et comportement social chez les fourmis

Je parlerai essentiellement de l'analyse de comportements clés dans la vie sociale des fourmis:

-          le fourragement de l'échelle individuelle à sa composante collective. La modélisation des mécanismes de prise de décision et leur intégration aux comportements collectifs.

-          les soins parentaux au couvain (préférence et sélection des cibles)

-          les conflits intracoloniaux dans la répartition des rôles reproducteurs, (reconnaissance sociale au sein des colonies).

Ces trois exemples seront traités chez les espèces primitives de fourmis que l'on appelle les Ponérines et seront replacés dans le contexte des contraintes écologiques et évolutives de ce groupe.  Je peux aussi parler de certains développements en robotique distribuée (systèmes multi-agents)

A lire:

Fresneau D. 1985. Individual foraging path fidelity: a novel strategy in a ponerine ant. Insectes Sociaux, 32: 109-116.

Lachaud J.-P. & Fresneau D. 1987. Social regulation in primitive ants. In: From Individual Characteristics to Collective Organisation: the example of Social Insects. J. L. Deneubourg & J. M. Pasteels, eds. Experientia suppl., 54: 177-196. Birkhäuser Verlag, Basel.

***J. L., Goss S., Pasteels J. M., Fresneau D. & Lachaud J.-P. 1987. Self-organization mechanisms in ant societies (II) : learning in foraging and division of labor. In: From Individual Characteristics to Collective Organisation : the example of Social Insects. J. L. Deneubourg & J. M. Pasteels, eds. Experientia suppl., 54: 197-217. Birkhäuser Verlag, Basel.

Monnin T., Ratnieks F., Jones G.R., Beard R. 2002. Pretender punishment induced by chemical signalling in a queenless ant. Nature ,419:. 61-65

5 novembre

Mark Wexler (LPPA, Collège de France)

Action et Perception : Des liens non-triviaux

Selon le point de vue le plus répandu en sciences cognitives, la perception sert comme entrée au cerveau/esprit ; celui-ci traite ces informations, et effectue parfois une action - la sortie de ce système. Ce schéma, avec une seule flèche causale qui va de la perception vers l'action, est devenu un lieu commun. Il est souvent perçu comme le seul lien possible entre la perception et l'action ; ainsi, il sort du domaine du scientifique. Nous essayerons de dé-banaliser la question des liens entre la perception et l'action en présentant des résultats expérimentaux qui sortent du schéma classique : d'une part, des flux plus complexes de la perception vers l'action ; d'autre part, des effets de l'action sur la perception.

Pour en savoir plus:

Hurley, Susan (2001). Perception and action: Alternative views. Synthese, 129, 3-40.

***Clark, Andy (1999). Where brain, body, and world collide. Journal of Cognitive Systems Research, 1, 5-17.

12 novembre

Philippe Gaussier (ETIS, UMR CNRS 8051, Université de Cergy Pontoise)

Programmation motrice et imitation en robotique 

Dans cet exposé, nous aborderons les problèmes de programmations motrices et d'imitation sous l'angle de la robotique. Partant de résultats obtenus par la robotique classique (approche analytique), nous essaierons de montrer qu'une approche plus holistique permet de concevoir en collaboration avec des biologistes et des psychologues des architectures très simples capable d'exhiber des comportements relativement complexes. Nous montrerons d'abord comment un simple apprentissage sensorimoteur permet la résolution d'un problème de type "retour au nid" en créant un bassin d'attraction autour de lieux buts.Un mécanisme de planification simple sera ensuite introduit pour déformer ces bassins d'attraction et permettre à notre robot d'exhiber des comportements de planification et de résolution de problèmes relativement complexes (résolution de problèmes de choix entre des motivations contradictoires). Enfin, la même stratégie sera appliquée pour expliquer comment des processus d'imitation peuvent se mettre en place dans des systèmes de contrôle très rustiques. Nous insisterons sur le rôle que peut avoir la robotique en tant qu'outil de simulation dynamique pour les sciences cognitives.

Les démonstrations vidéos sont accessibles à l'adresse suivant:

http://www-etis.ensea.fr/~neurocyber/Videos/index_videos.html

La plupart de nos articles sont disponibles en ps ou pdf:

http://www-etis.ensea.fr/~neurocyber/Publications/Equipe_NeuroCyber_Publications.html

A lire:

P. Gaussier, S. Moga, J.P. Banquet, and M. Quoy. From perception-action loops to imitation processes.Applied Artificial Intelligence, 1(7):701-727, 1998.

P. Gaussier, C. Joulain, J.P. Banquet, S. Leprêtre, and A. Revel. The visual homing problem: an example of robotics/biology cross fertilization.Robotics and Autonomous Systems, 30:155-180, 2000.

P. Gaussier, S. Leprêtre, M. Quoy, A. Revel, C. Joulain, and J.P. Banquet. Interdisciplinary approaches to robot learning, volume 24, chapter Experiments and models about cognitive map learning for motivated navigation, pages 53-94. Robotics and Intelligent Systems Series, World Scientific, ISBN 981-02-4320-0,2000.

***P.Andry, P.Gaussier, S.Moga, J.P. Banquet, J.Nadel, Learning and Communication in Imitation: An Autonomous Robot Perspective. IEEE Transaction on Systems, Man and Cybernetics, Part A: Systems and Humans, Volume 31, Number 5, pp431-44, September 2001.(texte en pdf)

***P. Andry, P. Gaussier, J. Nadel. Simulations of Dynamical Interactions for Social Learning , European Workshop on Learning Robots, EWLR01, pp 57-64.(texte en pdf)

19 novembre 

Gloria Origgi (CNRS - ENST, Paris)

Action individuelle, cognition collective et nouvelles technologies de l'information

Les nouveaux systèmes artificiels d'extraction de l'information - des moteurs de recherche aux systèmes de "knowledge management" (gestion des connaissances) utilisés pour suivre les comportements des consommateurs sur le Web - utilisent des algorithmes qui exploitent les structures d'information que les agents créent sur le Web (structures des liens, parcours dans un site). Les actions individuelles des agents (comme par exemple, créer un lien d'un site à l'autre) constituent ainsi un élément crucial dans la réalisation des processus d'intelligence collective rendus possibles par ces nouveaux artefacts. On proposera une analyse qualitative de ces algorithmes et une explication du rôle des agents et des actions dans la formation de ces nouvelles structures de connaissance.
A lire:

***A. Clark (2002) Natural Born Cyborgs; ch. 6: "Global Swarming", pp. 143-165.

26 novembre

Bernard Conein (Université Lille III)

Cognition sociale et action conjointe

Le thème « Cognition sociale et action conjointe »  vise à souligner des points de rencontre entre sciences cognitives et sciences sociales concernant les microprocessus dyadiques de coordination sociale et de formation d’un groupe social.

Les travaux sur la cognition sociale en éthologie cognitive et en psychologie du développement rejoignent des considérations classiques en microsociologie (Simmel 1908/1998 et Goffman 1961) sur l’ouverture d’une action conjointe. Cette convergence a été bien soulignée par l’analyse faite par Margaret Gilbert (2003) des processus d’engagement conjoint (joint commitment), qui se réclame de la théorie de la sociation de Simmel. Nous soulignerons que cette convergence peut être approfondie si l’on  prend en considération un second corpus : les premiers travaux de Goffman sur l’ouverture des interactions (Encounters, 1961), les travaux des éthologues cognitifs sur les comportements de groupements (bonding behavior), mais aussi ceux des psychologues sur l’attention conjointe.

Une conséquence de ce rapprochement est de montrer l’existence de processus plus simples et antérieurs à l’engagement conjoint, pour rendre compte des processus de formation des groupes sociaux.

A lire:

***Conein B. (1998), « Les sens sociaux : coordination de l’attention et interaction sociale » Intellectica, 2-26-27, 181-202.

Gilbert M. (2003), «Marcher ensemble, un phénomène social paradigmatique », Marcher ensemble, PUF, 45-71 

Goffman E. (1961), « Preface », Encounters, London, Macmillan, 7-14.

*3 décembre

Jean-Pierre Nadal (Laboratoire de Physique Statistique de l'ENS et CENECC)

Modélisation: des préférences individuelles au comportement collectif

http://www.cenecc.ens.fr

Cette séance sera une introduction à la modélisation à l'interface cognition sociale/théorie des jeux/physique statistique. Le problème général auquel on s'intéressera est celui du passage du niveau individuel au niveau collectif : quel lien y-a-t-il entre d'une part le comportement d'un groupe social (par exemple comportement d'un marché économique, émergence d'une institution, formation d'une opinion dominante...) et d'autre part les préférences et comportements (plus ou moins rationnels) des individus qui composent le groupe ? Cette question, abordée depuis longtemps par la théorie économique (détermination des prix étant donne les préférences individuelles), a été reprise dans le cadre de la 'théorie des jeux', mais donne lieu aussi à des travaux dans le cadre de la physique statistique. On évoquera aussi des approches expérimentales, comme celle de l' "économie expérimentale", qui se situent à l'interface économie/psychologie expérimentale.

 

A lire:

Jean-Pierre Dupuy (Ecole Polytechnique et Université de Stanford) "La loterie électorale en Amérique" article paru dans le Monde daté du samedi 2 décembre 2000 (texte en pdf)

*** AnnickVignes (ERMES, Paris 2, et Univ de Reims Champagne-Ardenne )"Quoi de neuf du cote des marches ? Marché de l'art, marché financier et marché du poisson: un examen de la littérature à partir de trois cas concrets" (texte en pdf) également disponible à l'adresse http://www.cenecc.ens.fr/EcoCog/12juin02/vignes.pdf

***Joseph Henrich, Robert Boyd, Samuel Bowles, Colin Camerer, Ernst Fehr, Herbert Gintis, Richard McElreath, Michael Alvard, Abigail Barr, Jean Ensminger, Kim Hill, Francisco Gil-White, Michael Gurven, Frank Marlowe, John Q. Patton, Natalie Smith, and David Tracer, "'Economic Man' in Cross-cultural Perspective: Behavioral Experiments in15 Small-scale Societies", Submitted to Behavior and Brain Science, 2002 (texte en pdf), également disponible sur le site de H Gintis :http://www-unix.oit.umass.edu/~gintis/ ou http://www.umass.edu/preferen/gintis/bbsanthr.pdf

 

Références supplémentaires:

De l'individuel au collectif, quelques pistes :

Schelling, T : La tyrannie des petites décisions, Presses Universitaires de France. (Traduction de: Micromotives and macrobehavior). (un petit livre très simple d'accès, pour littéraires et scientifiques).

Dans le même ordre d'idées:

Serge Galam, (physicien, CNRS et Univ. Paris 6) "Les réformes sont-elles impossibles ?" article publié dans le journal Le Monde du 28 mars 2000 http://www.manicore.com/documentation/articles/galam.html

Théorie évolutionnaire des jeux - apparition de la coopération, site de H Gintis (University of Massachusetts, et Santa Fe Institute) http://www-unix.oit.umass.edu/~gintis/  (voir en particulier les articles sur le thème "Experimental Economics and Anthropology" )

Economie cognitive - voir la page du groupe de travail du CENECC http://www.cenecc.ens.fr/EcoCog/index.html  -

"Toward a Cognitive Experimental Economics", Marco Novarese (Centre for Cognitive Economics - Università del Piemonte Orientale) http://ideas.repec.org/p/wpa/wuwpex/0211002.html

Les marchés financiers sont-ils rationnels ? http://www.cenecc.ens.fr/EcoCog/cognitique.html 

(voir les documents disponibles sur le site, http://www.cenecc.ens.fr/EcoCog/cognitique.html#doc) 

Douglass C. North (Prix nobel d'économie 1993) http://www.nobel.se/economics/laureates/1993/

"Economics and Cognitive Science" http://netec.mcc.ac.uk/WoPEc/data/Papers/wpawuwpeh9612002.html

Daniel Kahneman et Vernon L. Smith 'lectures' à l'occasion de leur prix Nobel d'économie 2002:  http://www.nobel.se/economics/laureates/2002

Simulations multi-agents en économie : site de Denis Phan (Dep. d'Economie, ENST Bretagne) http://www-eco.enst-bretagne.fr/~phan/complexe/intro00.htm 

(avec simulations numériques de divers modèles, dont ceux du livre de Schelling) Phan D., Gordon M. B. and Nadal J.-P., in Cognitive Economics, an interdisciplinary approach, Bourgine P. and Nadal J.-P. eds., Springer 2004 to appear: "Social Interactions in Economic Theory: an Insight from Statistical Mechanics". http://www.lps.ens.fr/~nadal/documents/proceedings/pgn2003.pdf

 

10 décembre

Denis Hilton (UFR de Psychologie, Université de Toulouse 2)

Sélection des explications à partir des chaînes causales: Principes statistiques, informationnels et sociaux

 

Dans les conversations sur la causalité, les gens évoquent normalement un (ou parfois deux) facteurs dans l'explication d'un événement. Mais comment arrivent-ils à sélectionner un facteur comme "la" cause à partir d'une représentation complexe du déroulement d'un événement? Nous passons en revue les principales théories en philosophie, en jurisprudence et en psychologie sociale et cognitive sur l'attribution causale. Nous présentons trois expérimentations sur l'explication des accidents destinées à éclairer le processus de sélection causale.

 

A lire:

*** Denis J. Hilton: Le jugement de la causalité et l'explication causale. Dans Guy Politzer (ed). Le raisonnement humain. Paris: Lavoisier 2002. (fichier pdf)

 

Denis J. Hilton, John McClure, Robbie Sutton, Aurore Baroux, Isabelle Magaorou, "Selecting “the” explanation from a causal chain: On the pragmatic selection of

attributional principles". Manuscrit non publié. Université de Toulouse-II, 2003. (fichier html)

 

17 décembre

André Orléan (CEPREMAP, CNRS-ENS, Paris)

Mimétisme, conventions économiques et comportements collectifs

Au cours de cette conférence, je propose de présenter la notion de convention telle qu'elle s'est imposée en théorie économique à la suite des travaux de David Lewis. Pour ce faire, je commencerai par présenter les structures d'interaction, appelées "jeu de pure coordination" dans lesquelles coexistent plusieurs équilibres, indifférents aux acteurs. J'insisterai sur le fait que la rationalité stratégique ne réussit pas à sélectionner un équilibre. Je passerai en revue différentes manières de traiter le problème, essentiellement via la théorie des jeux évolutionnistes, via la notion de point focal, ou via la notion de croyance sociale présentée dans mon article "Le tournant cognitif en économie". Je donnerai l'exemple des marchés financiers et des conventions financières.

A lire : 

***André Orléan, "Le tournant cognitif en économie", Revue d'Economie Politique, vol. 112, n°5, septembre-octobre 2002, pages 717 à 738, numéro spécial consacré au thème "Connaissance et croyances en économie".

7 janvier 

Frédérique de Vignemont (Institute of Cognitive Neuroscience, University College London)

Conscience de l'action et sens de l'agentivité 

Comment puis-je savoir que je suis la personne qui agit ? Selon certains philosophes, le sens de l’agentivité implique une notion primitive du soi comme sujet, qui ne repose pas sur une identification perceptive préalable de soi et qui est immunisée contre l’erreur d’identification. Cependant, les neurosciences de l’action et la neuropsychologie de la schizophrénie semblent montrer la nécessité d’un processus cognitif spécifique sous-jacent au sens de l’agentivité – le système « Qui » (Georgieff et Jeannerod, 1998), système d’attribution susceptible d’être perturbé, comme dans le délire de contrôle schizophrénique (Frith, 1992). Ce cours a donc pour objectif d’analyser les différents niveaux de l’action – le contrôle moteur, la conscience de l’action et le sens de l’agentivité – et de raffiner la notion même de sens de l’agentivité.

A lire:

Wolpert DM, Ghahramani Z & Flanagan JR (2001), Perspectives and problems in motor learning. Trends in Cognitive Science 5(11):487-494 

***Gallagher, S. Sense of agency and higher-order cognition:levels of explanation for schizophrenia.

Pacherie, E. (2000) The content of intentions. Mind & Language 15(4):400-432.

14 janvier

Jacqueline Nadel (CNRS, UMR 7593, Equipe Développement et Psychopathologie, Paris)

Synchronie, Agentivité et Imitation – Quels précurseurs pour la théorie de l'esprit?

Un premier pas vers la reconnaissance de sa propre agentivité et de celle des autres est de discriminer les perceptions dont sa propre  action est la cause des perceptions causées par l’extérieur et notamment par les autres agents.

Imiter et être imité sont deux composantes importantes de ce processus. Etre imité est un phénomène unique où les perceptions externes causées par votre action vous sont rendues accessibles par l’imitation qu’en fait autrui. Imiter est un phénomène unique où les perceptions externes causées par l’action d’autrui engendrent dans votre corps des perceptions internes à travers la reproduction de l’action perçue.

Cette intime entrelacs entre l’action de l’un et la perception de l’autre est une sorte d’altermodalité dont la synchronie temporelle est la condition.

La relation entre synchronie, agentivité et imitation sera analysée dans un cadre développemental et psychopathologique. On s’attachera à montrer que contrairement à l’assertion positiviste d’Auguste Comte, il est possible de se mettre à la fenêtre pour se regarder passer dans la rue, grâce  au miroir de son action que constituent les phénomènes imitatifs.

A lire:

***Nadel, J. & Potier, C. (2002), "Imiter et être imité dans le développement de l'intentionnalité", Chapitre 4 de  Nadel, J. & Decety, J. (2002). Imiter pour découvrir l’humain : psychologie, neurobiologie, robotique et philosophie de l’esprit. Paris : PUF, coll. Sciences de la Pensée.

Nadel, J. (2002) Imitation and imitation recognition: Functional use in preverbal infants and nonverbal children with autism, Chapitre 2 de Meltzoff; A. N. & , Wolfgang Prinz, W. (2002) The Imitative Mind: Development, Evolution and Brain Bases, Cambridge: Cambridge University Press.

Nadel, J. (Dec2003-Fev 2004). Imitation et autisme. Pour La Science, 68-71.

Nadel, J., & Butterworth, G. (1999). Imitation in infancy. Cambridge: Cambridge University Press.

Modalités de validation

La validation du module est soumise à deux conditions:

-         assiduité aux séances du module

-         remise d'un travail écrit de commentaire et discussion d'un article choisi parmi ceux qui sont précédés d'un triple astérisque (***) dans les indications bibliographiques qui précèdent. Ce travail d'une longueur de 25000 à 30000 signes doit être envoyé sous forme de fichier rtf ou pdf à Elisabeth Pacherie (pacherie@ehess.fr) au plus tard le 30 janvier 2004.